Quand on est intermittent du spectacle, la question du chômage revient souvent. Pas étonnant : entre deux contrats, c’est le filet de sécurité indispensable pour vivre de son art ou de son métier technique. Mais combien touche-t-on vraiment quand on est au chômage ? Et comment ces montants sont-ils calculés ? Spoiler : ce n’est pas aussi simple qu’une règle de trois !
Dans cet article, on décortique tout pour vous. Que vous soyez musicien, comédien, technicien, cadreur ou danseur, vous allez comprendre comment fonctionne l’indemnisation, à quoi vous avez droit, comment optimiser vos périodes indemnisées, et quels outils vous pouvez utiliser pour mieux gérer votre parcours.
1. Le contexte du régime d’indemnisation
1.1 Qui est concerné ?
Les intermittents du spectacle sont couverts par un système spécifique d’assurance chômage via les annexes 8 et 10 de l’Unédic.
- Annexe 8 : pour les techniciens du spectacle vivant, cinéma, audiovisuel.
- Annexe 10 : pour les artistes interprètes (musiciens, comédiens, etc.).
👉 Pour être indemnisé, il faut avoir travaillé 507 heures en 12 mois glissants (ou l’équivalent en cachets, 1 cachet = 12 heures pour un artiste).
🛠️ Idée outil à intégrer : un compteur de cachets ou simulateur des heures sur 12 mois glissants.
À découvrir : Nos formations pour intermittents, Artiscom Formation vous aident à comprendre et optimiser votre statut.
1.2 Spécificité du statut
Contrairement à un salarié en CDI, un intermittent alterne périodes de travail et de chômage. Il signe des contrats à durée déterminée d’usage (CDDU) souvent très courts (quelques heures à quelques jours).
Ce fonctionnement crée des “trous” dans le calendrier, que l’assurance chômage comble sous conditions.
🖼️ À intégrer : une infographie simple comparant CDDU, CDI intermittent, et CDI classique.
2. Décomposition du calcul de l’allocation
2.1 Calcul du salaire journalier de référence (SJR)
Le SJR est l’élément de base pour calculer vos droits. Il est obtenu en faisant la moyenne de vos salaires bruts sur les 12 derniers mois, divisée par le nombre de jours pris en compte.

Pour les artistes :
Heures réelles prises en compte, jusqu’à 208 heures par mois max.
1 cachet = 12 heures travaillées, mais plafonnées à 28 cachets par mois.
Pour les techniciens :
2.2 Taux d’indemnisation
En général, un intermittent touche environ 66 à 75 % de son salaire journalier brut. Le montant exact dépend :
- du SJR,
- du nombre de jours indemnisables (on y revient après),
- et de certains plafonds (ex : pas plus de 12 heures/jour artiste, 7 heures/jour technicien).
💡 À noter : la dégressivité ou revalorisation des droits selon l’âge n’existe pas pour les intermittents.
2.3 Jours indemnisables vs jours non indemnisés
Chaque fois que vous touchez une allocation, l’assurance chômage considère que vous avez travaillé ce jour-là (même si ce n’est pas le cas).
Donc, plus le montant de votre allocation est élevé, moins vous aurez de jours indemnisés dans le mois.
🧮 La formule de calcul pour les jours indemnisables =
Nombre d’heures prises en compte ÷ 10 × 1,4
Résultat = nombre de jours indemnisables
📌 Exemple à venir dans la section 3.
3. Montants typiques : aperçu chiffré
3.1 Ordres de grandeur
En moyenne :
- Un artiste touche entre 1 000 € et 1 800 € nets/mois,
- Un technicien touche entre 900 € et 1 500 € nets/mois.
Cela dépend de vos salaires passés et de la répartition entre jours travaillés et jours indemnisés.
🔎 Exemple 1 : Julie, comédienne
- 60 cachets sur l’année (équivalent 720 h)
- SJR = 90 €
- Environ 18 jours indemnisés/mois →
- 1 620 € brut/mois
🔎 Exemple 2 : Martin, régisseur
- 620 heures/an
- SJR = 70 €
- Environ 20 jours indemnisés/mois → 1 400 € brut/mois
3.3 Impact des variations
Des écarts importants peuvent exister selon :
- Le nombre de cachets,
- Le niveau de salaire brut,
- Les périodes d’activité trop concentrées (peu favorables à la régularité).
📍Notre conseil : l’idéal est de répartir vos cachets et heures de manière régulière pour lisser les droits.
4. Durée d’indemnisation et réouverture des droits
4.1 Durée maximale d’indemnisation
Une fois les droits ouverts, l’indemnisation peut durer jusqu’à 12 mois à compter de la dernière fin de contrat ayant permis l’ouverture (appelée “date anniversaire”).
Concrètement, cela signifie :
- 334 jours indemnisables maximum,
- Sur une période de 365 jours.
📍 Attention : ces 334 jours sont rarement atteints dans la réalité, car chaque jour indemnisé compte comme un jour « travaillé » et vous êtes souvent engagé à nouveau avant la fin des droits.
4.2 Réouverture ou rechargement des droits
À l’approche de la fin de vos droits, deux scénarios sont possibles :
- Réadmission : vous avez à nouveau 507 heures sur les 12 derniers mois → nouveaux droits ouverts.
- Clause de rattrapage : si vous n’avez pas atteint 507 h mais êtes à moins de 507 h et avez au moins 338 h, et que vous êtes dans votre 13e mois → droits prolongés pour vous permettre d’atteindre 507 h.
🎯 Notre conseil : gardez une traçabilité précise de vos heures et cachets via une feuille de suivi ou notre formation dédiée à la gestion de carrière.
4.3 Interruption, cumul, suspension des droits
Oui, vous pouvez :
- cumuler emploi et chômage, avec un calcul de différé des allocations,
- être en pause (par exemple congé maternité, arrêt maladie),
- ou voir vos droits suspendus si vous dépassez certains seuils.
📌 En cas de cumul salaire/allocations, le montant versé est ajusté : vous ne perdez pas tout, mais une partie des allocations est “retenue” selon les revenus d’activité.
5. Bonnes pratiques et conseils pour maximiser ses droits
5.1 Organiser ses contrats intelligemment
🗓️ Conseil stratégique : évitez de regrouper tous vos contrats sur deux ou trois mois.
Pourquoi ? Car :
- Cela crée un SJR élevé, donc moins de jours indemnisés,
- Et un mois complet sans cachets pourrait vous priver d’indemnisation.
✅ Le mieux est de lisser vos prestations sur l’année pour obtenir un bon équilibre SJR / nombre de jours indemnisés.
5.2 Anticiper les réexamens
Vous savez que votre “date anniversaire” approche ? Voici les bonnes questions à se poser :
- Ai-je 507 heures sur les 12 derniers mois ?
- Sinon, suis-je éligible à la clause de rattrapage ?
- Ai-je prévu de nouveaux cachets dans les semaines à venir ?
🎓 Pour éviter toute erreur, suivez notre module “Optimiser son statut d’intermittent” chez Artiscom Formation.
5.3 Se faire accompagner par des pros
Vous n’êtes pas seul.e. Des structures vous accompagnent dans vos démarches :
- Artiscom Formation : expertise sur l’intermittence & formations certifiantes
- Pôle emploi Spectacle
- Unédic et ses simulateurs
- Syndicats du spectacle vivant et audiovisuel
💡 Astuce : suivre un atelier “droits intermittents” en présentiel ou distanciel chez Artiscom Formation peut vous faire gagner un temps précieux.
7. Foire Aux Questions (FAQ)
1. Quelle est la différence entre un cachet et une heure travaillée ?
Un cachet équivaut à 12 heures pour les artistes et 8 heures pour les techniciens. Il permet de convertir plus facilement les contrats artistiques en temps de travail.
2. Peut-on cumuler chômage intermittent et emploi salarié classique ?
Oui, c’est possible. L’allocation sera ajustée à vos revenus d’activité.
3. Que se passe-t-il si je n’atteins pas 507 heures ?
Vous pouvez activer la clause de rattrapage si vous avez au moins 338 heures. Sinon, vous perdez vos droits jusqu’à nouvel examen.
4. Quel est le montant minimum et maximum des allocations ?
Il n’existe pas de “salaire minimum intermittent”, mais le montant dépend de votre SJR. Le maximum journalier pour les artistes est plafonné à 12 heures par jour.
5. Peut-on bénéficier de droits même sans activité depuis plusieurs mois ?
Oui, tant que vous avez ouvert vos droits et qu’il vous reste des jours indemnisables.
6. Quelles sont les nouveautés 2025 sur le régime intermittent ?
Des discussions sont en cours concernant le régime, mais aucune réforme majeure n’a été actée à la date de publication de cet article.
8. Conclusion
L’intermittence du spectacle offre un équilibre délicat entre activité et chômage. Comprendre combien vous touchez au chômage, c’est maîtriser un système complexe mais passionnant, où chaque cachet, chaque heure, chaque jour compte.
Si vous avez encore des doutes ou que vous souhaitez maîtriser vos droits, n’hésitez pas à suivre les ateliers, modules de gestion ou coaching personnalisés proposés chez Artiscom Formation.
🎯 Gagnez en autonomie. Reprenez la main sur votre statut. Et continuez à faire vivre votre art en toute sérénité.
Sources
- https://www.etreintermittent.com/comprendre-et-calculer-le-taux-dindemnisation-dun-intermittent-du-spectacle/
- https://www.unedic.org/publications/lindemnisation-des-intermittents-du-spectacle-par-lassurance-chomage
- https://www.francetravail.fr/files/live/sites/PE/files/fichiers-en-telechargement/spectacle/Doc_Primo_Entrants.pdf
- https://www.embarq.fr/chomage/chomage-partiel-intermittent
- https://www.legalvision.fr/guides-juridiques/droit-du-travail/cdi-intermittent-definition-et-mode-de-fonctionnement
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Intermittent_du_spectacle
- https://www.cnd.fr
- https://www.ccomptes.fr